Édition 2025

Le Prix

Le Prix littéraire Janette-Bertrand a été créé pour mettre en lumière des œuvres qui abordent avec force des enjeux de société tels que l’égalité des sexes, l’autonomie des femmes et la lutte contre les violences de genre. Ce prix célèbre l’engagement indéfectible de Janette Bertrand envers l’inclusivité et la justice sociale, en reconnaissant le travail d’auteur·rice·s de la francophonie canadienne et du Québec dont les contributions marquent notre époque.

La remise de la deuxième édition du Prix aura lieu le 19 novembre 2025, dans le cadre du Salon du livre de Montréal.

Nous remercions Télé-Québec et la SODEC, partenaires commanditaires du prix, pour leur soutien renouvelé.

Lauréate

Parmi les cinq livres finalistes sélectionnés par un jury de choix présidé par Madame Pauline Marois, c’est Elizabeth Lemay qui s’est vue décerner la distinction pour son œuvre L’été de la colère, publiée par les Éditions du Boréal, à l’occasion de la grande soirée d’ouverture de cette 48e édition du Salon. Le prix lui a été remis par Janette Bertrand, en présence des autres finalistes.

«Félicitations Élizabeth! L'été de la colère est un livre que toute jeune femme doit lire car il nous parle du paradoxe qu’a créé le féminisme. Les femmes veulent des nouveaux hommes qui nous traitent en égales mais qui nous ouvrent encore la porte de l’auto…! C’est un livre de questionnement à lire et relire.», exprime Madame Janette Bertrand.

«Toutes nos félicitations à Élizabeth Lemay pour son livre L’été de la colère, une œuvre puissante et percutante, qui éclaire les dérives d’un monde encore largement conçu par et pour les hommes. À travers des phrases parfois tranchantes, elle met en lumière, avec une rare lucidité, les violences, les rapports de pouvoir et les systèmes inégalitaires qui structurent encore la vie de tant de femmes. Elle rappelle aussi que ces dernières sont parfois tiraillées entre le confort du modèle du passé, si rassurant, et le combat qu’elles doivent mener pour être pleinement elles-mêmes; l’amoureuse transie et la sorcière moderne. Le jury a unanimement reconnu l’urgence et la profonde pertinence de cette œuvre.», déclare la présidente du jury, Madame Pauline Marois.

Finalistes 2025

Les œuvres finalistes et leurs autrices sont : L'embouchure de Myriam de Gaspé, publié chez Les Herbes rouges, L'Été de la colère d’Elizabeth Lemay, publié chez Les Éditions du Boréal, Le sexe du pouvoir: Politique au féminin: Élues et ex-élues brisent le silence de Jocelyne Richer publié chez les Éditions La Presse, Même pas morte de Geneviève Rioux, publié chez Les Éditions Stanké, Presque vierge de Josée Blanchette, publié chez les Éditions Druide

Voici les commentaires des juré·e·s sur les cinq œuvres finalistes de cette seconde édition du Prix littéraire Janette-Bertrand:

L’Été de la colère, d’Elizabeth Lemay (Les Éditions du Boréal)

L’Été de la colère est une série de réflexions coup de poing qui rappellent que le privé est politique. Dans une écriture fragmentée, directe et sans compromis, Elizabeth Lemay met à nu les rapports entre les hommes et les femmes, expose les mécanismes du patriarcat et les violences qu’il entretient. Elle relie le corps, la mémoire et la parole dans une même pulsation, transformant la colère en matière vive, en moteur de lucidité.

Par moments, le feu de la colère risque de consumer les nuances ; ailleurs, il éclaire magnifiquement ce qui, sans lui, resterait dans le magma des non-dits. C’est là que réside la force du livre: dans cette tension entre le désordre et la clarté, entre la rage et le désir d’apaisement. Derrière la dénonciation, on sent un appel à la réconciliation et une espérance têtue : celle d’une réciprocité où les hommes accepteraient enfin d’aimer les femmes comme elles les aiment. On en ressort plus conscient, un peu ébranlé, mais aussi, peut-être, un peu plus vivant.

L’embouchure, de Myriam de Gaspé (Éditions Les Herbes rouges)

L’embouchure nous entraîne dans une quête intime où le fleuve devient le miroir des tourments et des transformations d’une femme en reconstruction. À travers la nature, Myriam de Gaspé explore les refoulements hérités, la difficulté d’aimer et d’être aimée, et la lente émergence d’une parole libérée. Les séances de psychanalyse, tout en demeurant discrètes, ouvrent un passage vers l’émancipation et la réconciliation avec soi-même.

Roman à la fois étrange et enveloppant, le texte oscille entre rêve et réalité, comme suspendu, et se distingue par sa liberté de ton: il aborde la sexualité, la différence et la quête de soi sans chercher à tout expliquer. On y perçoit un désir de renouer avec le langage du corps, de la pulsion et du refoulé, dans une écriture viscérale et fluide. C’est un roman de passage, un lieu d’ouverture, une véritable embouchure, où quelque chose s’achève pour mieux laisser advenir le mouvement, la vie.

Le sexe du pouvoir. Politique au féminin : élues et ex-élues brisent le silence, de Jocelyne Richer (Les Éditions La Presse)

Ouvrage essentiel, Le sexe du pouvoir met en lumière un pan trop souvent occulté de notre histoire politique: celui des femmes qui ont dû s’imposer dans un milieu encore marqué par la domination masculine. À travers une enquête rigoureuse et transpartisane, Jocelyne Richer recueille les voix de nombreuses députées et ex-ministres, révélant les luttes, les avancées et les blessures d’un parcours encore semé d’obstacles.

Ce travail de mémoire et de documentation remarquable permet de mesurer combien le pouvoir, au Québec, conserve encore un genre. Ces témoignages, d’une grande force, rappellent que malgré des décennies de soi-disant avancées, il reste encore, jusque dans les hautes sphères, beaucoup de chemin à faire. En retraçant le passé pour éclairer le présent, ce livre rend hommage à celles qui ont ouvert la voie et inspire celles qui continueront de la tracer.

Même pas morte, de Geneviève Rioux (Les Éditions Stanké)

Récit d’une intensité rare, Même pas morte raconte une histoire d’une violence inouïe avec doigté et finesse. Le suspense s’installe dès les premières pages: agressée à coups de couteau chez elle, en pleine nuit, par un inconnu, l’héroïne survit, habitée par le vertige des questions sans réponse. La plume de Geneviève Rioux vient nous chercher par les tripes, si bien qu’on se doit d’accompagner l’héroïne, et le mot n’aura jamais été aussi juste, jusqu’au bout de sa quête.

Mais ce qui frappe dans ce livre inspiré du vécu de l’autrice, ce n’est pas l’attaque elle-même, c’est la résilience qui en découle: le récit d’une battante, d’une survivante, d’une femme qui refuse de se laisser définir par la violence subie. Derrière la rage et la douleur, on perçoit une immense dignité, une pudeur douloureuse, une tension entre le besoin de justice et celui de paix. Ce texte bouleversant rappelle que pour chaque féminicide, des dizaines de femmes sont laissées pour mortes sans jamais faire la manchette, et que dans ces récits invisibles se joue la prise de conscience nécessaire pour mesurer l’ampleur des violences genrées.

Presque vierge, de Josée Blanchette (Les Éditions Druide)

Presque vierge est un récit initiatique percutant, où Josée Blanchette revisite avec lucidité une période trouble de sa jeunesse. À travers ce roman autobiographique, elle offre une plongée dans le Québec des années 70, entre éveil du désir et conquête de liberté, à une époque où les femmes, comme le territoire, cherchaient à se réinventer. Elle revisite ici un âge incertain, celui où le désir et le danger se confondent, où l’innocence se fissure sous la main d’un adulte qui sait trop bien ce qu’il fait, d’un prédateur, sans que le mot ni la gravité du geste n’aient encore pu être nommés.

Dans une écriture fine et sensible, empreinte d’une nostalgie trouble, l’autrice explore les zones grises du consentement et du pouvoir affectif, évitant à la fois la victimisation et le sensationnalisme. On y sent le poids du passé, la culpabilité rétrospective, mais aussi la tendresse de la femme adulte envers la jeune fille qu’elle a été, celle qui ne savait pas encore nommer le mal ni le reconnaître. Entre honte et clairvoyance, compassion et malaise, Presque vierge témoigne d’une libération du regard et du langage. Il nous rappelle, avec une force tranquille, que la honte doit changer de camp.

Courte liste 2025

Après un premier travail rigoureux par le jury du Prix littéraire Janette-Bertrand 2025, voici les 10 livres toujours en lice:

Éminentes Victoriennes: Laure Conan, Henriette Dessaules, Azélie Papineau et Joséphine Marchand de Manon Louisa Auger, publié chez Nota Bene
Presque vierge de Josée Blanchette, publié chez Éditiond Druide
L’embouchure de Myriam de Gaspé, publié chez Les Herbes rouges
34 B de Isabelle Hubert, publié chez L'instant même
La mère des larves de Maude Jarry, publié chez Les Éditions de Ta Mère
Un roman au four de Marie-Sissi Labrèche, publié chez Léméac Éditeur
L’Été de la colère d’Elizabeth Lemay, publié chez Les Éditions du Boréal
Le sexe du pouvoir: Politique au féminin: Élues et ex-élues brisent le silence de Jocelyne Richer, publié chez Éditions La Presse
Même pas morte de Geneviève Rioux, publié chez Les Éditions Stanké
Récits Sexu de Renée Robitaille et Gabriel-le Beauregard, publié chez Planète rebelle

Le jury annoncera la liste des cinq finalistes à la mi-octobre. Le livre lauréat sera, quant à lui, dévoilé le 19 novembre au Salon du livre de Montréal.

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Présentation du jury

C’est avec grand plaisir que le Salon retrouve pour une deuxième année consécutive les membres du jury de la première édition du Prix, heureux·ses de renouveler leur mandat!

Sous la présidence de Madame Pauline Marois, le jury de la deuxième édition du Prix réunit des personnalités engagées et passionnées de littérature. En voici la composition:

Pauline Marois, présidente du jury

Avec une carrière remarquable et un engagement profond en faveur de l’égalité des sexes et des droits sociaux, Pauline Marois, femme politique et Première Ministre (2012-2014), est également présidente de la Fondation Forces Avenir et chancelière de l’UQÀM. Elle apporte ainsi une expertise et un leadership inestimables pour encadrer les délibérations et la sélection d’un·e lauréat·e pour cette deuxième édition du Prix littéraire Janette-Bertrand.

Vanessa Allnutt, éditrice et bibliothécaire, est autrice d’un mémoire sur la liberté intellectuelle et la censure dans les bibliothèques publiques. Avec une solide formation en littérature et bibliothéconomie, elle contribue à une compréhension approfondie des enjeux liés à la liberté d'expression et à la diversité dans les bibliothèques. Elle est directrice du soutien aux bibliothèques au sein du Réseau BIBLIO des Laurentides.

(crédits photo : Michel Dompierre)

Jeanne Boivin, diplômée en Arts, lettres et communication du Cégep Lionel-Groulx, est étudiante à l'Université de Montréal au BACC en littératures de langue française. Elle travaille à titre de commis-libraire à la Librairie Lulu depuis 2023. Jeanne a fait partie du jury du Prix littéraire des collégiens et a participé comme panéliste en 2024 à la Rencontre interprofessionnelles du secteur du livre, organisée par l'Association des libraires du Québec. Elle apporte en tant que jurée une perspective fraîche avec ses connaissances et son engagement envers la littérature contemporaine.

Vanessa Destiné, animatrice et chroniqueuse, est diplômée en communications et en coopération internationale de l’Université de Montréal. Elle se distingue par son intérêt marqué pour les enjeux féministes et interculturels, apportant une perspective précieuse sur ces questions dans le paysage littéraire.

(crédits photo : Julie Artacho)

Philippe Fortin, libraire à la librairie Marie-Laura à Jonquière et récipiendaire du Prix d'excellence de l'Association des libraires du Québec (ALQ) de l’année 2024, se distingue par sa grande implication envers sa communauté. Président du conseil d’administration du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean, il est reconnu pour son dévouement exceptionnel à l'animation de la vie littéraire et culturelle. Philippe agit également à titre d'ambassadeur pour le prestigieux Prix des libraires du Québec de l'ALQ, dont il a animé le gala en mai 2025.

(crédits photo : Julie Vola - Canopé Média)