COMMENT RAPPELER UN LANGAGE QUI S’EST ENFUI
La foudre et le feu se sont déchaînés
à travers le ciel noir, au carrefour
des fantômes et des arbres.
Cette nuit le langage s’est échappé
de son écurie, craignant d’être réduit
au silence des lieux secrets.
L’obscurité et les routes de poussière
l’ont dirigé vers les collines et les pâturages
où il pourrait se cacher parmi le sauvage
des choses, sans lois ni frontières.
Trouvez-le dans la maison de la sagesse.
Enlevez vos chaussures. Laissez vos orteils nus sentir
la terre et s’approcher du portail où le langage se cache.
Frappez, frappez, et continuez à frapper.
Finalement, les mots apparaîtront
et regarderont à l’extérieur pour voir
qui est là.
Ils vous permettront de vous en approcher.
Chaque poème est une cérémonie sacrée.
Ouvrez la porte avec grâce. Entrez et refermez-la.
Demandez la permission aux ancêtres de prendre
ses rênes.
Chuchote des sons doux comme, shé, shé, shé !
ou clic, clic, clic ! ou, venez, venez !
Si vous les chantez doucement,
ses oreilles se remettront à écouter.
Si vous les dessinez en symboles
dans la terre avec une tige séchée,
lentement ses yeux brilleront.
Si vous les peignez sur un rocher
avec de la boue rouge et un long brin d’herbe,
ou une plume, il va murmurer et secouer la tête.
Rassurez-le : ce n’est plus nécessaire de se taire.
Sous l’abri du respect,
vous êtes désormais, au point
où votre désir se lie au sien.
Enfin, vous pourrez ramener le langage de l’errance.

