Un pro­duc­teur de ciné­ma invite Mar­tine Del­vaux à écrire le scé­nario d’un film. Par­mi les sujets pro­posés, il y a la liai­son amoureuse, qui a fait couler beau­coup d’encre, entre Joan Mitchell et Jean Paul Riopelle. Le pro­duc­teur men­tionne à l’écrivaine un troisième per­son­nage, moins con­nu dans cette his­toire, celui de la jeune améri­caine, Hol­lis Jef­f­coat, pein­tre elle aus­si, qui s’est retrou­vée au milieu du cou­ple, dans le Paris des années 1970. L’autrice va rapi­de­ment ressen­tir pour cette pein­tre un genre de coup de foudre. Et l’envie de tout savoir. Ce qui se pas­sait, com­ment se déroulaient les événe­ments, dont l’accident dra­ma­tique entre Paris et Aux­erre, com­ment Hol­lis a pu percevoir l’enchaînement des faits, à quoi ressem­blaient ses rêves, sa pas­sion pour la pein­ture mal­gré tout, mal­gré l’ombre portée des deux artistes immenses qui l’entouraient, les moments de grâce et, enfin, les dis­putes. Le résul­tat est une enquête orig­i­nale et très prenante. Ça aurait pu être un film met ensem­ble les frag­ments d’une his­toire en marche, des frag­ments enten­dus dans les hési­ta­tions d’un ver­ba­tim, dans les comptes ren­dus d’un jour­nal local, attrapés au tour­nant d’une entre­vue filmée, aperçus furtive­ment à la sur­face de toiles géantes ou dans ce qui débor­de du cadre d’une petite pho­to, des frag­ments qui finis­sent par for­mer le por­trait vibrant d’Hollis Jeffcoat.