Pour son troisième recueil aux Écrits des Forges, Car­o­line Rivest signe encore une fois une œuvre forte et éminem­ment per­son­nelle, à l’écriture poly­phonique, portée par un rythme sai­sis­sant qui fait bat­tre les tem­pes du lecteur. L’auteur appro­fon­dit la thé­ma­tique biblique déjà présente dans Le corps du Christ pour emporter, lui don­nant une tour­nure inédite en l’associant à l’esthétique et aux images des groupes de heavy met­al. Elle use égale­ment avec agilité d’une panoplie de références cul­turelles d’une grande richesse, du ciné­ma à la mytholo­gie grecque, en pas­sant par les con­tes de notre enfance, innom­brables sources de ter­reur. Le som­bre, le scat­ologique, l’empreinte destruc­trice des cen­sures et des attaques sur l’enfant et l’individualité sont mis en évi­dence et util­isés d’une manière inusitée. Mes mots se sculptent à la pierre de vos vices À la rouille de votre scalpel ébréché Je dirai tout dans cette langue que vous ne par­lez pas Réglerai mes comptes à coups de poèmes durs et lourds et solen­nels Sana­to­ri­ums pour la rage Une cage où vous anni­hiler (…) Je me réchauffe à l’éther désaxé des hyp­ocrites Ce livre est le chant d’une voix sin­gulière et d’un souf­fle poé­tique affir­mé. Les images en sont pré­cis­es comme un scalpel, sculp­tant métic­uleuse­ment des blocs d’émotions, jusque dans le moin­dre détail. En fer­mant ce livre, vous sen­tirez la brise sèche de la Révélation.