Pensez donc. À l’égal d’un minus­cule virus qui vient cham­bouler notre vénérable grande race humaine, nous sommes devenus la préoc­cu­pa­tion majeure de l’Office Mon­di­ale des Saisons. Il nous con­sid­érait jusqu’alors comme tous les autres petits êtres inof­fen­sifs et utiles, mais voilà que nous per­tur­bons la frag­ile har­monie de son roy­aume. Les qua­tre min­istres des saisons voudraient bien gér­er les con­séquences inat­ten­dues des change­ments cli­ma­tiques que nous provo­quons et soign­er leurs inquié­tudes qui se réper­cu­tent sur le moral de leurs sub­or­don­nés : les mois. Cha­cun de ces douze tra­vailleurs du ciel gère leurs émo­tions du mieux qu’ils le peu­vent, mais leurs efforts légendaires sont rem­plis de con­trar­iétés. Voyez : Novem­bre cherche à se faire appréci­er davan­tage, Févri­er et Sep­tem­bre s’inventent des méchancetés, Mars s’enivre à cause de nos ambiguïtés, Octo­bre cherche encore à nous enjôler avec son art, tan­dis qu’à notre insu, Juil­let et Août mal­gré leurs dif­férends par­ticipent à un pro­jet qui nous évit­era une six­ième grande extinc­tion. Intrigués par nos com­porte­ments, cer­tains mois iront jusqu’à s’abaisser à com­mu­ni­quer avec nous pour mieux nous com­pren­dre. Heureuse­ment, mal­gré cet imbroglio, com­ment ne pas se laiss­er séduire et charmer par la présence improb­a­ble des chevaux qui accom­pa­g­nent les min­istres et les mois tout au long de leur temps d’œuvre respectif ?