‘’Fusibles en micro­dos­es’’ est un recueil de poésie dont la ligne nar­ra­tive présente des femmes-fusibles, ces artistes impor­tantes dont l’existence et l’art sont por­teurs de sens à un point tel que le JE se dédou­ble pour emprunter leur force et leur rad­i­cal­ité. Coincées entre l’espace domes­tique et l’espace social, pris­es dans leur rôle, leur corps, leurs peurs, leur folie décalée, ces femmes ont fab­riqué l’imaginaire du JE, ses ancrages, sa philoso­phie, sa vision du monde, et sont rassem­blées entre ces pages, portées par un souf­fle poé­tique et assumé. De cette façon, le lecteur saisit leur impor­tance dans la démarche de recon­struc­tion d’un JE endeuil­lé à la suite d’une rup­ture amoureuse, sorte de mise à mort des illu­sions con­ser­va­tri­ces. Par­courant l’histoire de la série des soirées lit­téraires sher­brookois­es inti­t­ulées Lit­téra­ture et autres Niais­eries, ce recueil met de l’avant la voix forte et pro­fondé­ment fémin­iste de celle qui en est la fon­da­trice, Mari­do Bille­quey. Au fil des poèmes, cette voix devien­dra plurielle, recon­stru­ite autour d’autrices, poètes et chanteuses, telle une con­stel­la­tion de filles-fusibles, de sœurs d’armes. Parce qu’en fin de compte, cette his­toire est bien réelle. Les artistes inter­pel­lées telles que Annie Ernaux, Sylvia Plath, Artemisia Gen­tileschi, Cather­ine Mavrikakis, Sophie Calle ont des écrits qui font écho aux thé­ma­tiques abor­dées. C’est grâce aux artistes assumant leur force de manière plus rad­i­cale (telles que Biki­ni Kill, Maria Callas, Vir­ginie Despentes, Nel­ly Arcan ou Peach­es) que le JE s’érige en duchesse. De ce fait, naîtront les soirées Lit­téra­ture et autres Niais­eries; spec­ta­cles de poésie bruyante. Ce recueil est donc une forme de douce con­sécra­tion des anti­dotes, des femmes, des com­mu­nautés de per­son­nes sen­si­bles (fusibles) qui, mal­gré les deuils, les trahisons ou les désil­lu­sions, per­me­t­tent de ressen­tir à nou­veau l’amour. Une forme d’appel à la soror­ité. Grâce aux voix plurielles et inter­dis­ci­plinaires, ce recueil sem­ble calqué, dans sa forme, sur un spec­ta­cle de Lit­téra­ture et autres Niais­eries, réputé pour la var­iété des per­for­mances qu’on y trou­ve. D’un point de vue formel, l’artiste estri­enne en arts visuels, Deb­o­rah Davis, déposera à dif­férents endroits stratégiques, dans le recueil, une touche visuelle. Artiste de l’estampe depuis plus de 20 ans, Deb­o­rah Davis est recon­nue comme la référence dans le domaine de la gravure et de l’imprimerie d’art en Estrie. Pré­cisé­ment, il s’agira d’illustrations, d’esquisses et d’estampes dont la portée entrelace les images textuelles de manière à représen­ter et à ali­menter le dis­cours séman­tique de l’œuvre. Louise Marois, artiste, design­er graphique et poète, recon­nue en Estrie, dédiée depuis plus de 35 ans au graphisme de créa­tion, dirige la con­cep­tion graphique du recueil ​“Fusibles en micro­dos­es” pour en faire un objet original.